[Event]Premier jour de cours...

Fin d'après-midi... Premier jour

La lumière commençait à baisser doucement. Le soleil était dors et déjà rogné par l'ombre des buildings les plus hauts, et les premiers rayons de son agonie, étrangement doux, baignaient les visages et les vêtements des êtres qui se trouvaient massés dans une des salles de classe actuellement les plus bruyantes de l'université d'Hokubu... Tout ce qui se touchait cette luminosité chaude et vibrante se trouvait sublimé. Contrastes avivés, couleurs puissantes, gravité et vitalité. Pourtant de toute la journée, l'ambiance avait été au badinage. Encore maintenant, on entendait certaines filles glousser, se retournant à la moindre occasion, riant d'un rien en jetant des coups d'oeils mutins du côté des tables nouvellement occupées... Un soupir agacé. Remontant d'un geste sec les petites lunettes sévères qui lui tombaient sur le nez, l'enseignante en charge de cette assemblée d'excités corrigea pour la énième fois de la journée le comportement des jeunes filles. Elle frappa du plat de la main sur le bureau, ce qui eut le don de faire sursauter un étudiant, au fond de la salle. Le dit étudiant sembla sortir de la rêverie d'apparence maussade dans laquelle il était plongé. Il releva la tête, et un regard vif se posa sur le professeur. Pas pour longtemps: la seconde suivante, il avait déjà perdu son éclat. Il passa une main devant la mèche qui lui cachait les yeux, de sorte à dégager - à peine un peu plus - son visage.

"Fujika, Kaori, c'est la dernière fois que je vous demande GENTIMENT de vous retourner, de vous taire, et de suivre le cours... c'est clair?! La prochaine fois c'est la porte et quatre heures de colle avec convocation dans le bureau du directeur... Et je me contrefiche que ce soit la fin des cours dans moins de cinq minutes, autant vous l'annoncer tout de suite."

Takeshi-san, le professeur de japonais, n'avait pourtant pas pour habitude d'être sévère ni même impatiente. Mais l'excitation des élèves était à son comble, et ça se comprenait bien: aujourd'hui, l'université d'Hokubu venait d'accueillir quatre nouvelles recrues d'un coup. Deux dans cette classe, et deux chez les quatrième année. Les étudiants transférés n'étaient pas franchement chose rare à Hokubu, mais ce n'était pas une raison: on y respectait comme ailleurs la tradition japonaise voulant que tel événement provoque un pic d'hystérie impressionnant au sein de la population étudiante dors et déjà en place. Ca n'avait pas raté, d'autant que chacun des nouveaux arrivants était particulièrement singulier.

Il y avait tout d'abord Ôno Chiaki. Une grande plante assez fermée et pas forcément très à l'aise, malgré son physique qui n'avait rien de repoussant. Non pas qu'elle fut maladroite, ni qu'elle eut l'air particulièrement timide, mais elle avait l'air comme de dresser un mur impénétrable entre elle et l'extérieur... A Hokubu, les rumeurs allaient bon train, et il avait suffi de la pause midi pour qu'elles se diffusent, poussent et se reproduisent comme des champignons: la jeune fille aurait été renvoyée de son ancien établissement, et mise en pension ici à Hokubu par ses parents. Étrange, car à première vue elle n'avait rien d'une yankee... Ca jasait dans tous les sens. Les hypothèses plus ou moins capillotractées, plus ou moins regardantes, jaillissaient d'un peu partout, et sans grande discrétion... Et pas un seul élève n'avait pensé à venir aborder Chiaki directement pour s'informer, à croire qu'elle les impressionnait vraiment.

Le second élève était légèrement différent... Mais tout aussi secret. A vrai dire, il faisait l'effet d'un iceberg à ses camarades. Glacé, et aux trois quarts immergé. Il n'avait pas prononcé un mot depuis que le professeur le matin même l'avait forcé à se présenter. Nom: Azuma, prénom: Subaru. Point. Il avait un de ces physiques humbles, qui cachaient bien leur jeu. Une allure banale qui cachait un corps qui aurait pu être fort agréable à regarder si il avait été autrement entretenu. Comme le jeune homme avait une personnalité particulièrement effacée, la plupart s'en étaient rapidement désintéressés, à l'exception de plusieurs étudiantes en chaleur qui aimaient le genre "froid taciturne et mystérieux", et qui étaient déjà en train de le relooker mentalement, de le bouffer des yeux, et plus si affinité. Azuma Subaru... Ce même garçon qui avait sursauté lorsque Takeshi-san avait piqué sa crise. Des yeux gris parsemés de touches dorées si l'on y regardait bien... Des cheveux noirs mi-longs, négligés, qui cachaient partiellement son visage, et contribuaient à lui donner cet air terne qu'il aurait facilement pu éviter... Il avait l'air européen, mais en vue de la finesse de ses traits, la rumeur courait déjà qu'il devait être métisse, d'où son nom japonais. Son apparente "amitié" avec les deux nouvelles recrues des quatrième année l'avait tout de même fait sortir un instant de l'ombre: il avait déjeuné avec les deux nouveaux ce midi même, et on se demandait déjà où et comment il avait fait leur connaissance. Surtout qu'ils n'avaient à première vue rien en commun.

Les deux nouveaux chez les quatrième années étaient quant à eux d'un genre qu'on remarquait tout de suite. Ils risquaient d'ailleurs d'entrer dans le top 10 des jeunes hommes qui faisaient le plus de victimes auprès de la gente féminine du coin - ou pas féminine, c'était Hokubu après tout... Ils étaient jumeaux. De vrais jumeaux, s'entend... Ils avaient un style vraiment particulier: grands, bien formés, cheveux presque longs qui leur tombait sur les épaules en formant de belles courbes romantiques et naturelles... Ils avaient les yeux vairons, d'une couleur très particulière, dérangeante, malgré leur sympathie. A en croire leur ouverture, l'aise avec laquelle ils s'exprimaient, et la facilité avec laquelle leur rire explosait bruyamment, ils devaient être de gais lurons... Malgré ça, concrètement, on ne savait pas grand chose sur eux, vu qu'ils passaient leur temps à plaisanter plutôt qu'à parler sérieusement. A se demander ce que Subaru faisait avec eux.

Ces questions avaient été "l'ordre du jour", le presque unique sujet de discussion durant les pauses, et même pendant les cours. Et le lendemain, l'effervescence serait toujours de rigueur, c'était certain. Les étudiants réagissaient avec une immaturité telle qu'on se serait cru au lycée... La sonnerie retentit, et d'un coup, la tension accumulée explosa. Les élèves se levèrent, rangèrent leurs affaires, et les coups d'oeil fusèrent comme autant de flashs aveuglant. Chiaki et Subaru - surtout Chiaki à vrai dire - étaient comme sous le feu des projecteurs. Takeshi-san abandonna tout de suite l'idée de calmer la classe, et préféra laisser la phrase qu'elle n'avait pas eu le temps de finir en suspens. Blasée, elle chassa l'air d'une main en signe d'abandon, roula des yeux, puis mima les étudiants en se préparant elle aussi à partir. Ce n'était qu'une question de temps avant que quelqu'un réunisse assez de courage pour aborder l'un des étudiants transférés...

Azuma-kun, sorti de sa torpeur, se leva, attrapa ses cahiers, et les fourra dans son sac. Un bref instant, son regard se posa sur Chiaki. Il cligna des yeux, comme hébété, puis il reprit son actuelle activité: mettre tout ce qui lui appartenait, sans dessus dessous, dans la toile du sac qu'il allait bientôt jeter sur son dos.
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[Chiaki est invitée à entrer en jeu, puis ceux qui voudront participer au topic seront les bienvenus]

[Bon eh bien en attendant puisque personne ne semble vouloir venir dans ce topic pour l'instant...]

Si Subaru avait quelque chose à dire à Chiaki, il n'en montra rien. Peut-être lui avait-il juste jeté un coup d'oeil parce qu'elle était dans la même situation que lui, et devait affronter les regards curieux et les gloussements des étudiantes qui avaient oublié de mûrir en quittant le lycée...

Une fois qu'il eut glissé toutes ses affaires de cours dans son sac, il fit mine de se glisser vers la sortie, sans doute pour s'éclipser aussi vite que possible. Il dut pourtant s'arrêter, et Chiaki de même, alors que Takeshi-san les interpelait tous deux.

"Ah..! Ôno, Azuma, restez deux secondes si vous voulez bien, j'ai deux trois choses à vous dire..."

Le professeur s'avança, lançant des regards sévères aux étudiants curieux qui tentaient de discrètement squatter la salle de classe pour écouter ce qu'elle avait à dire. Cela dit elle ne comptait pas laisser les étudiants se moquer d'elle jusqu'au bout... Elle les avait déjà suffisamment supporté tout au long de cette journée! Ils furent bien obligés de partir, vu qu'elle ne faiblissait pas, et qu'autour d'elle une aura inquiétante était en train de se former... Il y a des profs qu'il ne vaut mieux pas mettre à bout de nerfs. Takeshi-san n'était pas loin de l'être. Ils furent bientôt seuls dans la salle de classe, ce qui avait le don d'être plutôt... reposant.

"Voilà. Bon. Comment s'est passée votre journée..? Je veux dire à part avec les autres... Ils sont d'une impolitesse, c'est exaspérant. Avez-vous bien repéré vos salles de classes... Les pavillons? Pas de problème d'orientation ni d'emploi du temps?"

Elle attendit un peu... Puis quelque chose semble lui revenir, et elle sursauta presque, avant d'ajouter.

"Ah! Ôno, il faudra que vous pensiez à aller voir votre tutrice avant de rentrer, elle doit vous donner deux trois trucs, il parait... On m'a dit de vous prévenir. Vous la trouverez au rez de chaussée, son bureau est annexe à l'infirmerie. Elle ne travaille que deux heures par jour dans notre établissement donc soyez sûre d'y passer entre 17 et 19h"

Un petit sourire, tendu. Takeshi-san était une gentille femme mais là, ça se voyait qu'elle en avait marre, et avait hâte d'en finir avec les formalités pour pouvoir rentrer chez elle et oublier cette éreintante journée.