Phantom

Un bruit de pas, une respiration un peu marquée. Aze se réveilla de son sommeil absolument pas profond pour observer l'être vivant qui s'approchait de lui. Un chien errant, montrant les crocs. Son air famélique et la lueur désespérée de ses yeux indiquait à Aze qu'il avait affaire à un prédateur. Mais c'était oublier que lui aussi était un prédateur. Il comprenait ce pauvre chien affamé, il était aussi misérable que lui. Mais dans ce monde comme dans l'autre, une seule constante: tuer ou être tué.

Le chien aboya une fois, deux fois, puis son aboiement s'étrangla. L'animal tomba, raide mort, desséché comme une momie égyptienne. Aze en profita pour boire un peu. Il n'avait rien mangé depuis des jours, mais arrivait toujours à trouver de l'eau. S'il n'y en n'avait pas, il suffisait de l'extraire. De n'importe quoi. Ou n'importe qui.

Cela dit, contre la faim il ne pouvait pas faire grand chose. Manger des chiens crus n'était pas vraiment sa tasse de thé, et c'était pareil pour les chats ou les humains. Désespéré, Aze osa enfin sortir de sa ruelle pour affronter la ville.

C'était incroyable... ment moche. Il balayait son regard blasé sur les bâtiments et le ciel gris. Même les gens semblaient gris. Finalement, c'était Antéversus en légèrement mieux. Rien de paradisiaque dans ce monde quasiment aussi pourri que le sien. Il aurait mieux fait de crever en traversant cette porte.

Sur le qui-vive, lançant des regards vifs et perçants aux passants - un regard pourtant presque invisible sous sa capuche - il erra un temps dans les rues, jusqu'à trouver un square. Il y avait... des enfants qui riaient. Ils jouaient, à il ne savait pas quoi, mais ils s'amusaient bien. Un instant, Aze en oublia pratiquement tout le reste, fasciné par ce spectacle qui lui était entièrement inconnu. Son regard accrocha alors un banc vide pas très loin, sur lequel il finit par s'asseoir.

Il l'ignorait, mais on allait finir par le penser pédophile à regarder avec autant d'insistance ces enfants, âgés pour le plus grand d'à peine 10 ans. On voyait à peine son visage sous sa capuche, et même si on le voyait, ça ne serait pas plus rassurant. Alors même qu'il n'avait - actuellement - aucune intention hostile, on l'aurait considéré comme menaçant et dangereux.

Lentement, Aze se laissa envahir de mélancolie et de souvenirs. Généralement pas très bons d'ailleurs. Jusqu'à ce jour où Tamdit'an Aruzc fut découverte et annihilée. Les autres, ceux qui avaient réussi à fuir, étaient sans doute morts. Il n'y avait plus que lui, dans un monde qu'il ne connaissait pas. Et peut-être des Gmorks, tapis quelque part, prêts à le tuer ou pire, à le réduire à nouveau en esclavage, avides de ses dons...

Le ciel était gris. C'était une simple constatation qu'effectuait Liff Kyrka, ouvrant ses yeux verts sur le ciel qui s'offrait à lui, remplis de gros nuages menaçant. Il referma les yeux, n'étant pas réellement troublé ni ennuyé pour autant. Cependant, il fut contraint de les rouvrir assez rapidement, parce qu'il sentait une petite chose penché sur lui.

"M'sieur, vous devriez pas rester dans l'herbe, votre maman elle va vous gronder!"

L'avertit un gamin qui ne devait pas être bien vieux. Hum. Comment pouvait-il expliquer à ce petit qu'il n'avait pas de maman et qu'il n'en avait de toute façon jamais eu? Bon, sans doute que ce n'était pas la chose à faire. Il ferait mieux d'aller s'allonger sur un banc pour terminer sa sieste, même si ce n'était pas des plus confortables.

"Hiro enfin! Je t'ai déjà dit de ne pas parler à des inconnus comme ça!"
s'écria la mère du dit Hiro, qu'elle attrappa prestement par le bras, l'entraînant plus loin, tout en foudroyant du regard Liff, qu'elle prenait sans doute pour un clodo, à moins qu(elle ne le prenne pour un pervers, pour changer un peu. Bon, en même temps, il aurait dû savoir que les squares n'étaient pas l'endroit idéal pour piquer un somme, mais bon. D'habitude il n'y allait pas, pour éviter ce genre de scène assez déplaisantes il est vrai, mais là, il devait avouer qu'il avait tout simplement eu la flemme. Et puis cet arbre lui avait parut sympa.

Oui, Liff avait tendance à éviter les gamins ces temps ci, de peur qu'on ne le prenne pour un pédophile, lui qui n'avait jamais touché personne.*
D'ailleurs, il n'avait jamais bien compris comment les hommes pouvaient faire du mal à leurs petits, mais bon, ce n'était pas nouveau que la logique humaine lui échappait depuis longtemps, tout comme leur absence de logique.

Ainsi, quelques vers de Verlaine en tête "Il pleure dans mon coeur..." collant à son humeur pour le coup un peu maussade, il alla s'assoir sur un banc non loin, ne prenant tout d'abord pas garde à la personne qui s'y trouvait déjà.
Il allait tranquillement s'endormir à nouveau lorsqu'enfin il prêta attention à notre ami l'encapuchonné.

"Bonjour!"

lança-t-il alors joyeusement, toute sa bonne humeur naturelle subitement revenue. Et oui, Liff était déséspérant et même affreusement amical, peu importait la personne qui se trouvait en face (ou plutôt à côté en l'occurrence). D'autant plus que Liff n'était pas très impressionable.


[* Liff est chaste en fait, et n'a jamais rien fait de sexuel et ouiii!]

[c'est pas Aze qui va se moquer de sa virginité... kof kof]

Toujours perdu dans ses pensées - ou son absence de pensées - Aze regardait les enfants jouer. C'était un spectacle qu'il n'avait jamais vu sur Antéversus, et qui lui semblait étonnant, et incompréhensible. Ces enfants n'avaient-ils pas peur ? Après tout, ils étaient seuls, vulnérables, sans défense... Non, Aze ne comprenait pas.

Alerte ! Un être vivant, apparemment humain, venait de se poser près de lui. Déjà les enfants n'existaient plus. Evidemment, Aze ne fit absolument aucun mouvement pour ne pas trahir son changement de comportement, mais désormais toutes ses pensées étaient focalisées sur l'organisme à côté de lui. Un organisme qui de manière toute à fait inconsciente lui avait dit... 'bonjour'. Avec un point d'exclamation en plus.

" ... "

De longues secondes passèrent, silencieuses et tendues. Et finalement, Azeleren ouvrit la bouche, et marmonna d'une voix erraillée à force de ne pas être utilisée, une voix caverneuse et rauque:

" Euh... salut. "

Un autre silence gêné s'imposa ensuite, et Aze reprit son immobilité. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment bougé en parlant : pas de mouvement de la tête, ni de main qui gigote, rien du tout. On aurait dit une sorte de statue parlante. Mais qu'on ne s'y fie pas, si jamais Aze se sent en danger, il n'hésitera pas à faire usage de ses pouvoirs, plutôt discrets quand il s'y prend bien. Ce qui n'était en fait... pas vraiment le cas. Avoir tué ce chien tout à l'heure l'avait plus affaibli qu'il ne le pensait, et il se sentait affaibli. Il avait vraiment besoin de manger, et de se reposer.
Son estomac le lui rappela justement. Avec un énorme gargouillis, qui fut entendu même par les enfants qui depuis tout à l'heure jouaient gaiement. Gêné, Aze fit son premier mouvement en présence de Lyff: il baissa la tête, légèrement, presque imperceptiblement. Ouais, il aurait mieux fait de crever.

[...XD]

Liff attendait toujours, un grand sourire sur son visage la réponse de son interlocuteur du jour. Apparemment, Liff l'avait dérangé dans sa sieste (lui aussi!) parce qu'il mettait un peu de temps à répondre, quand même. Peut être e parlait-il pas japonais? s'inquiéta-t-il un instant. A vrai dire, ce genre de situation lui était déjà arrivé la première fois qu'il était venu au Japon. Il s'était juste assis sur les marches d'un temple pour se reposer un peu, et s'était bêtement endormi, le bois étant plus confortable que tout ce qu'il avait trouvé pour dormir auparavant, lors de sa longue traversé du Japon à pied. Un prêtre shinto l'avait réveillé en le saluant, le prenant sûrement pour un vagabond qui cherchait un abri (ce qui n'était pas entièrement faux, à vrai dire!)

A son salut chaleureux, Liff n'avait su que répondre, et était resté quelques seconde bouche bée avant de tenter de retrouver un mot jponais signifiant bonjour. Il avait d'ailleurs surpirs le prêtre avec un "merci", ce qui était assez ridicule, en y resongeant.
Peut être était ce le cas de l'homme sur le banc, après tout. Liff l'observa discrétement, toujours en train de sourire bêtement. L'homme était assez grand (mais moins que lui) et portait un long manteau sombre avec une capuche qui cachait fort bien son visage, qu'il ne put donc pas admirer.

N'importe qui de normal se serait dit que l'inconnu était louche, et qu'il valait mieux se tenir à l'écart, mais Liff n'était pas n'importe qui, et surtout Kyrka n'était pas normal. Ainsi il n'avait aucun a priori sur les gens, même quand ça tenait du simple bon sens.

" Euh... salut. " répondit enfin l'étranger, d'une voix éraillée, à force sans doute de ne pas être utilisée, à moins qu'il ne fumait, tout simplement.

Liff allait répliquer, toujours aussi alerte lorsqu'un gargouillis peu discret se fit entendre en provenance du ventre de l'homme, à n'en point douter.
Il haussa un sourcil, sourit et commença d'un ton affable:

"Ca vous dirait d'aller manger un bout quelque part? Vous semblez affamé. Enfin si vous ne voulez pas quitter le parc, ce qui est parfaitement compréhensible soit dit en passant, je dois avoir des sandwitchs dans ma besace" fit-il en désignant du doigt une sacoche en cuir brun qui reposait sagement à côté de lui.

"Au fait, je m'apelle Liff Kyrka! Enchanté"

Il lui sourit à nouveau de toute ses dents, car oui, comme toujours, Liff était heureux de faire connaissance avec quelqu'un. Bon parfois il devait avouer que ce n'était pas réciproque, ce qu'il ne comprenait que peu, mais après tout, n'était ce pas ce qui faisait l'intérêt des humains? (leur côté incompréhensible? ou bien leurs réactions toutes tellement différentes?)

Oh, Aze en mettait du temps à répondre, mais pas parce qu'il dormait, non. Simplement que ça prenait du temps de savoir si quelqu'un avait de mauvaises intentions ou pas. Dans certains cas, on était même jamais vraiment sûr que ses intentions soient bonnes. On ne pouvait qu'attendre de constater qu'elles soient mauvaises. Se méfier était toujours plus facile que de faire confiance.

D'ailleurs, Aze ne comprenait pas pourquoi Liff ne se méfiait pas de lui. Il n'avait pas peur ? Ce n'était qu'une question de temps alors. Tout le monde finissait un jour ou l'autre par avoir peur d'Azeleren, peu importe les raisons. Gêné, et vraiment mal à l'aise, l'antéversien ne bougea pas, resta réellement totalement immobile, même pour répondre froidement à la salutation de Liff.

On aurait pu croire que ce dernier serait donc refroidie par ce 'salut' glacial, mais non, pas le moins du monde. Encore une énigme pour Aze qui décidément, ne comprenait pas grand chose à ce monde, encore moins que pour Anté-Versus, déjà pas bien sensé et logique. Et là, ce fut le drame. L'estomac d'Aze le rappela à l'ordre et de manière particulièrement bruyante.

Liff en profita pour l'inviter à manger, lui offrant même de quoi se restaurer. Aze était... désemparé. Son cerveau s'était mis à tourner à 100 à l'heure, voire plus. Mais impossible pour lui de ne pas montrer les crocs. Quant à la présentation de Liff et de son nom, Aze n'eut pas plus de réaction. Toujours aussi immobile, il marmonna seulement - d'une voix grave particulièrement forte, mine de rien:

" ... Vous êtes insouciant. Je n'ai pas faim. "

Il fallait lire entre les lignes pour bien comprendre Aze, c'est vrai. Par 'insouciant' il pensait surtout au fait que Liff avait donné son nom tout à fait innocemment : jamais une telle idée ne serait passée par la tête d'Azeleren, qui vous l'avez remarqué, ne s'était pas présenté en retour. Quant au fait de dire 'je n'ai pas faim', il exprimait évidemment tout le contraire, mais la fierté d'Aze ne supporterait que difficilement de se faire aider. D'autant plus que rien n'indiquait à l'Antéversien que Liff ne lui voulait aucun mal. Aze avait appris à ses dépends à ne faire confiance à personne, tout comme le reste de Tamdit'an Aruzc. A l'exception du traître, Vehnmiah.

D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, on aurait pu l'accuser lui aussi. Il ne parlait presque jamais, et du coup, ne pouvait pas forcément se défendre en cas d'accusation. Ses agissements obscurs et son manque d'explications auraient suffit à le faire plonger à la place de Vehnmiah. Mais non, aussi improbable que ça puisse paraître pour certains, Aze était tout à fait loyal à la cause d'Aruzc. Avait été plutôt. Aruzc n'existait plus. Et maintenant il était seul dans ce monde qu'il ne connaissait pas. Avec un homme bizarre, louche même tellement il ne se méfiait pas, qui lui proposait de la nourriture. Y'avait vraiment quelque chose de pas clair ici.

Liff gentimment et sans doute stupidement comme toujours, avait proposé de la nourriture à un étranger. Tiens, ça lui rappelait que ce n'était pas la première fois, ni la dernière, sans aucun doute. Si Liff avait été un enfant humain, il aurait sans doute été du genre à nourrir toutes les petites bêtes abandonnées, ou souffrantes et à les ramener chez lui, malgré les protestations fort probables d'une maman exaspéré.

Oui, Liff était du genre à recueillir un peu tout le monde, sauf que lui, sa bestiole de prédilection, c'était les humains. Bon cela dit, ça lui était aussi arrivé de ramener des chats chez lui, des petits chiens, des rats même, peut être une ou deux colombes aussi. Heureusement qu'il habitait tout seul et qu'il n'avait pas de parents ni de famille pour l'engueuler, en fin de compte. Il se souvenait aussi de la fois où il avait trouvé ce type effondré dans la neige, et de la fois où il était tombé sur une femme avec une sacré blessure au niveau de l'abdomen, qui était couverte de son propre sang, apparement.

Liff les avaient ramenés chez lui et soignés. Il ne leur avait pas posé de questions, tout comme il n'avait pas posé de question au chaton, au vieux chien et à la colombe. Ils menaient leur vie comme ils l'entendaient, tous autant qu'ils étaient. Ils leur avaient juste souri....Et les avait laissé partir.
Finalement, c'était toujours lui qui se retrouvait tout seul.

Heureusement qu'il avait ses propres bestioles avec lui.

A cete pensée, Liff ne put s'empêcher de sourire à nouveau, faisant une fois de plus travailler ses zygomates, qui avaient pourtant largement leur dose d'exercice quotidien. Enfin, l'homme semblait particulièrement réservé, songea-t-il, haussant un sourcil. Il passa une main désinvolte dans ses cheveux bruns, se demandant ce qui pouvait causer un tel mustisme.

" ... Vous êtes insouciant. Je n'ai pas faim. "

Liff laissa échapper un éclat de rire, chaud et profond, qui avait quelque chose de particulier cette fois-ci. Et il répliqua du tac au tac:

"Ah oui ? Probablement, mais j'avoue ne pas avoir à me soucier de grand chose, aujourd'hui. Et vous avez faime. Vous êtes sûr de ne pas vouloir goûter au moins un sandwitch? Bon je sais qu'on se méfie de ce que bien cuisiner un homme, mais sans me vanter, je ne me débrouille pas trop mal. "

Il attrapa d'un geste leste un des dits sandwitchs de sa besace, qu'il sortit de sa pochette de papier brun. Le sandwitch avait effectivement l'air appétissant, bien qu'il soit froid. Il était dans la plus pure tradition française: du pain frais, doré et croustillant, des rondelles de tomates, un peu de salade verte et quelques tranches d'oeuf avec du jambon, de la mayonnaise et même des cornichons. Liff s'était gardé celui au camembert et au saucisson, parce qu'en général, ça ne plaisait pas trop aux japonais.

Bref, ce n'était pas vraiment de la cuisine, mais Liff ne mentait pas, c'était vraiment bon, pour peu qu'on aime les aliments qu'il avait mit dedans.

Bien évidement, Liff ne pouvait pas se douter de tout les tourments qui agitait ce pauvre homme, pas plus qu'il ne se doutait des théories d'empoisonnement si peu probable de sa part. Non, franchement, Liff était paix et amour! D'ailleurs à y regarder d'un peu plus près, il avait un petit air de Jésus Christ, avec ses cheveux longs. Bon, sauf qu'il avait la tronche autrement plus décalqué, un peu de barbe de trois jours et un air plus viril (au moins un peu) que les représentations habituelles de notre Christ international.
Bon par contre, pour le côté illuminé voulant sauver les cas désespérés (ou les cas sociaux, c'est au choix) on y était presque.

Liff ne fit donc qu'hausser un sourcil, un peu surpris, avant de se demander si tout simplement l'homme à la capuche (à l'air sombre et mystérieux aussi) n'aimait tout simplement pas les tomates. Oui, peut être même qu'il était allergique à ce fruit-légume, comme ça lui était déjà arrivé une fois! Enfin, pas à lui hein. Mais à la femme qui l'accompagnait au restaurant, qui avait insisté pour qu'ils dînent ensemble tout les deux, et qui avait tenue absolument à goûter son plat, ne sachant apparement pas que dans son entrée, se trouvaient des tomates crues qui l'attendaient surnoisement. Liff avait donc dû l'accompagner par la suite à l'hôpital par mesure de précaution, et ne l'avait jamais revue. Il se demandait bien pourquoi, d'ailleurs. Tout comme il n'avait pas compris pourquoi elle se penchait autant vers lui lorsqu'elle lui parlait, tout en tâtant sa jambe à l'aide de son pied sous la table.

Bon, dans le doute, Liff sortit de sa besace usée un second sandwitch, qu'il agita presque sous le nez de son interlocuteur. Hum, du bon camembert dégoulinant...ça avait de quoi aguiser les appétits, pour sûr.

"Vous préférez celui là peut être? C'est au camembert et au saucission, par contre..."

Malgré tout plutôt obéissant, il mordit dans l'autre sandwitch avec plaisir, un air de chat content s'affichant sur son visage.

"Je vous assure, il est plutôt réussi je trouve! Vous en voulez? J'ai aussi de l'eau si vous avez soif. Je vous laisse le sandwitch alors."

Liff était du genre prévoyant, (et aussi un peu borné, nan?) c'était le moins qu'on puisse dire. Il sortit la bouteille d'eau, dont il dévissa adriotement le bouchon, après avoir posé de manière un peu malpolie il est vrai, le sandwitch sur les genoux de l'homme. Il but une gorgée puis reposa la bouteille à ses côtés, sur le banc.

A peine Liff avait -t-il posé la nourriture terrestre sur les genoux de l'inconnu que celui-ci s'en était emparé et l'avait engloutit en quelque bouchés, comme tout crève-la-faim qui se respecte. Pour le coup, il perdait un peu en dignité, mais ce n'était pas ça qui gênerait Liff, soyez en sûr. Par contre, à présent il ne serait guère étonnant de voir les mamans attentionnées repartir avec leurs chers bambins, parce que avec deux espèces de clochards sur un banc à l'air plutôt louche, ce n'était pas l'endroit le plus recommandable. Alors que Lif n'avait strictement rien ni contre les enfants, ni contre leurs mères, même quand elles venaient lui hurler dessus alors qu'il n'avait strictement rien fait.

Mais bon, ce n'était pas la premère fois qu'on lui ferait remmarquer qu'il n'était pas un type "fréquentable". Euh, ça voulait dire quoi au juste? Est ce que ça signifiait qu'il ne fallait pas le fréquenter, parce qu'il aimait dormir dans les parcs? Ou parce que son hygiène était parfois un peu douteuse? Ou encre parce que décidément, un type pareil n'avait sans doute jamais rien fait de bien de sa vie, et ne pouvait qu'entraîner les enfants à suivre un mauvais chemin, c'est-à-dire le sien?

Pourtant, Liff en avait fait, des choses, au cours de sa longue existence. Bon, il n'était pas fier de tout, et si il avait pu, il se serait sans doute passer de deux trois petites choses en passant, mais dans l'ensemble, il n'avait rien fait qui mérite qu'on lui jette des pierres. D'ailleurs, ça lui était déjà arrivé de se faire jeter des pierres, dans un petit village où on l'avait prit pour il ne savait pas trop quoi...Peut être un vaurien ou le diable, il n'avait pas bien compris. Pourtant, il ne se souvenait pas d'avoir fait quelque chose de spécial. Mais bon, Liff était reparti aussi vite qu'il le pouvait sur ses deux jambes, parce qu'en plus de ça, ils lui avaient prit son unique moyen de transport, ce qui n'était pas très sympa quand même.

Pauvre Mumule. Il espérait que lui ne s'était pas fait lyncher aussi, en y repensant.

"De rien!" lança joyeusement Liff, se focalisant à nouveau sur l'encapuchonné, décidément pas très causant, mais ce n'était pas ça qui allait le décourager, malheureusement pour l'homme.

"Vous avez aimez le sandwitch? Si vous avez encore faim, je peux vous filer un bout du bien...A moins que vous ne préfériez manger autre chose? Il y a un p'tit restaurent pas loin, où ils font des super okonomyaki, si je me rapelle bien! Enfin, vous n'êtes pas d'ici, non? "

Dans le mille! L'inconnu aurait du mal à se faire passer pour un japonais. Enfin, pour le peu qu'on voyait de son visage... Cela dit, ses mains n'était pas de la couleur ivoire tirant sur le jaune caractéristique des asiatiques, apparement. Et puis Liff était peut être bête, mais pas à ce point là quand même. A le voir, on aurait dit qu'il avait passé les dernières journées dans les pires quartiers d'Hokubu, à errer comme une âme en peine. Ou peut être même les égouts. Mais Liff n'était pas non plus devin. Il déduisit donc que son nouvel acolyte devait s'être perdu à la recherche de son hotel ou quoi.

Ca expliquait tout finalement! Il s'était perdu en arrivant, et n'avait pas su quoi faire. Comme il avait l'air de quelqu'un de réservé, il n'avait pas osé demander son chemin et s'était débrouillé comme il avait pu en attendant. Peut être même qu'il n'avait pas pu changer l'argent qu'il avait sur lui pour des yens, ce qui expliquerait aussi qu'il n'ait pas pu manger aujourd'hui. Après ces brillantes déductions, Liff se dit qu'il devrait l'aider, le pauvre.

Dignité ? Aze s'était assis sur la sienne depuis longtemps. Sur Antéversus, on était obligé de le faire si on voulait survivre dans le néant dans lequel on était projeté. Dans ce monde ou dans l'autre, sa diginité n'était pas vraiment quelque chose de précieux pour lui. Ni sa vie d'ailleurs. Mais ses instincts semblaient parler pour lui plus que de raison, peut-être était-ce pour cela qu'il engloutit le sandwich si vite.

Les passants et les enfants qui l'avaient vus avaient été choqués. Liff et Aze avaient certes l'air de types louches, mais la seule chose que l'Antéversien déchiffra dans le regard de ces gens, c'était la pitié qu'il leur inspirait. L'un des enfants eut même un petit sourire triste et désolé, et eut en réponse le droit de voir un morceau du visage d'Azeleren: ses yeux d'un bleu iréel, profond et électrique, qui était venu percer celui de l'enfant. Apeuré par la lueur de vide dans les pupilles d'Aze, l'enfant se dépêcha de retourner près de sa mère. Quant à l'Antéversien, il remercia Liff pour ce repas.

Ce dernier semblait toujours aussi causant et amical, et n'avait pas l'air de trouver Aze plus bizarre que ça. C'était un fait étrange en soi, mais bon. Au moins n'y avait-il pas de pitié dans sa voix ou ses gestes. Juste de l'altruisme et de la bonté... A moins qu'Aze ne se soit encore fait avoir. Peut-être que Liff cachait extrêmement bien son jeu... Si seulement l'Antéversien avait eu le pouvoir de lire dans les esprits... Il ne pouvait malheureusement que compter sur son intuition, ce qu'il avait prit l'habitude de faire de toute façon. Un peu trop même.

Liff proposa à Aze de manger un peu plus. Dans le fond, Azeleren n'était pas contre, mais il sentit son estomac habitué à être vide se remplir d'un coup et ce n'était pas très agréable. Il valait mieux pour lui qu'il ne se gave pas de nourriture d'un coup, et surtout pas de la nourriture que son corps n'était pas spécialement habitué à digérer. D'un geste de la tête, Aze refusa l'invitation de Liff. Et quant à sa question...

" Quel est cet endroit ? "

Répondre à des questions personnelles par d'autres questions était le hobby préféré d'Aze, Liff aurait tôt fait de le savoir. Mais le fait était que si Azeleren savait qu'il était dans un autre monde, peut-être parallèle, il ne connaissait pas le nom de ce monde, ni où il se trouvait exactement. Quant aux us et coutumes, non seulement il ne les connaissait pas mais il s'en fichait. Déjà sur Antéversus, Aze était considéré comme un peu sauvage, alors ici...

Il semblait de plus en plus à Liff que l'étranger n'était pas très causant. Mais quelque part, cette scène lui rappelait quelque chose...aux paroles de l'homme, la chose en question lui échappa....pour l'instant. A moins, que, comme d'habitude, il oubli ce qui lui paraissait pourtant important la minute précédente, plus fététieux qu'un papillon voletant de fleur en fleur et peut être bien avec une mémiore immédiate pas des plus performantes. (Poisson, vous avez dit poisson?)
Bref, l'attention de l'homme aux cheveux bruns, longs et pas franchement soyeux étaient à nouveau porté vers son interlocuteur:

" Quel est cet endroit ? "

"Ben là nous sommes dans un square, dans une ville nommée Hokubu et....Heu, vous voulez dire, le pays? On est au japon ici. Sur une petite planète bleue nommée la terre, la seule qui présente une forme de vie évoluée dans tout le système solaire, composés de neufs planètes -ah non, Pluton n'est plus considéré comme une planète, c'est vrai- troisième planète en partant du soleil dont les révolutions sont de....Ah, mais tout ceci ne vous intéresse sans doute pas. Désolé."

Liff s'était encore laissé emporter par sa passion pour l'astronomie.
Il ne savait pas pourquoi, mais il n'avait pas pu s'empecher d'ajouter ces données pourtant évidentes.....Du moins à tout être humain normal qui se respecte. Bon, en même temps, Liff n'étant pas un être humain normal qui se respecte, cela ne l'embarassa guère. Au mieux, il prendrait ça pour de l'humour, au pire, il le prendrait pour un idiot, ou se vexerait. Liff avait parfois du mal à comprendre le pourquoi du comment des actions des humains, mais il avait saisit tout de même un minimum leur mode de fonctionnement. Cela dit, si l'inconnu s'en moquait, c'était tout aussi bien, Liff n'était pas sectaire quant aux réactions qu'il engendrait, en bien ou en mal. Après tout, il ne pouvait pas empêcher les gens d'agir comme ils l'entendaient, alors il ne servait à rien de se tracasser là dessus.

"Vous êtes sûr de ne plus avoir faime quand même? Enfin cela dit, si c'est le cas, tant mieux. C'est toujours désagréable d'avoir le ventre vide. Surtout quand on veut faire une sièste."

Liff et ses reflexions purement philosophiques...Bon, cela dit, on pouvait dire qu'il applicait à la lettre le célèbre "Carpe Diem" ne lui jetons donc pas la pierre si vite. Il lui arrivait de réfléchir à beaucoup de choses, d'ailleurs il s'intéressait de près aux nouvelles technologies et à de nombreux domaines scientifiques complexes. Mais il avait cependant une fâcheuse tendance à se disperser et à se perdre dans des pensées hasardeuses. Enfin pour tout dire, à ce moment précis il n'était pas prêt à philosopher mais plutôt à discuter ou encore à piquer un somme. Parce qu'après tout, suivre ses envies c'était quand même quelque chose de bien, tout de même.

"Au fait...vous venez de loin comme ça? Vous vous êtes perdu en arrivant en ville peut être? "

questionna-t-il calmement, tout en regardant le ciel, qui commençait vaguement à se dégager.

Si Liff n'avait pas - en effet - une mémoire de poisson rouge, il aurait peut-être fait le rapprochement avec Kuanshar, et aurait facilité les choses. Mais justement, c'était peut-être un peu trop facile. Aze pensait encore être le seul Antéversien dans ce monde. Encore et toujours, peu importe où il aille, Azeleren demeurait désespérément solitaire.

Mais au moins, il avait quelqu'un à qui parler - ou pas - et surtout, qui lui donnait de précieuses informations concernant l'endroit potentiellement hostile dans lequel Aze se trouvait. Les précisions qui auraient été inutiles au commun des mortels humains furent des découvertes pour Azeleren, qui pourtant n'en montra, comme d'habitude, absolument rien. Et quand Liff s'excusa pour ces choses 'inintéressantes', Aze secoua légèrement la tête.

" Ca m'intéresse. "

Décidément, ces cordes vocales fonctionnaient bien ! Un peu trop au goût d'Azeleren, qui n'avait sûrement jamais autant parlé depuis des jours. Faut dire qu'il n'avait pas besoin de se parler à lui-même, contrairement à certaines personnes. Il se sentait mieux dans le silence et pesait mieux le poids de ses mots dans son esprit qu'en les prononçant. Ces derniers, une fois dits, devenaient trop lourds ou pas assez, ou ne semblaient pas correspondre tout à fait à son idée. Rien n'était précis et tout pouvait être interprété. Voilà une des raisons pourquoi Aze parlait si peu.

Quant à la suite des paroles de Liff, elles n'avaient aucun intérêt pour Azeleren, qui ne les écouta pas ou presque. Peu lui importait les banalités que débitait Liff, il aurait préféré qu'il se remette à parler de ce monde étrange qui l'enveloppait. Pourquoi et comment Aze était-il arrivé ici ? Bien sûr, une réponse évidente s'impose: parce qu'il fuyait des créatures imaginaires en courant comme un dératé et a traversé un portail spatio-temporel. Mais comment ce portail était arrivé là ?

Azeleren ne sortit de ses pensées que quand il entendit Liff le questionner sur sa provenance et en général donc, sur lui. Evasif là-dessus, comme à son habitude, il répondit seulement:

" Très loin. "

Point barre. Pas besoin de s'apesantir sur Antéversus, ce monde n'en valait vraiment pas la peine. Lentement, les enfants commençaient à déserter le parc. L'heure avançait et le comportement bizarres des deux hommes était un facteur aggravant. Le parc était presque vide maintenant qu'Aze y pensait.

Même si Liff continuait plus ou moins à délirer dans son coin, cela paraissait intéresser son interlocuteur. Enfin, c'était plutôt difficile de le savoir, parce qu'on ne pouvait pas franchement se fier à son apparence, aux mimiques, gestes ou intonations du personnage. Bien sûr que non, puisque c'était à peine si l'on distinguait une partie de son visage! Cela dit, cela ne dérangeait pas Kyrka outre mesure, qui ne se souviait que bien peu de ce genre de détail, ce qui parfois pouvait le plonger dans des situations embarassantes. Bien oui, parler amicalement à un yakusa, il ne vous répondra pas forcément sur le même ton....

Mais là n'était pas la question. Le parc commençait à se vider quelque peu de ses habituels occupants, c'est-à dire les petits vieux et les petits jeunes, accompagnées de leur mère, la plupart du temps. Là venait enfin les véritables haitants, c'est-à dire les corbeaux, imposant, sombre et pourtant plutôt sympathique, de l'avis du brun, et les chats, qu'il adorait, il devait bien l'avouer.

" Ca m'intéresse. "

Tiens donc! C'était assez surprenant de la part de l'étranger, mais après tout, pourquoi pas. Peut être que celui-ci aimait particulièrement l'astronomie, peut être même qu'il passait ses soirées à observer le ciel étoilé...Quoiqu'à Hokubu, Liff doutait qu'on puisse admirer véritablement les étoiles. En tout cas, pas dans le centre ville, où la pollution visuelle des lumières de la ville cachait leur lumière.
Cela dit, on ne pouvait pas dire qu'il était très loquace, cet étranger. Très loin, ce n'était pas extremement précis, comme réponse. mais bon, ça pouvait se comprendre, il devait avoir ses raisons pour ne pas parler de son pays d'origine ou même de son foyer, qu'il avait peut être quitté avec soulagement ou non.

Liff vit un petit chat tigré gris s'approcher de lui, timidement. Il se pencha pour lui faire sentir ses mains, dont l'odeur de pain frais et de jambon durent sûrement plaire à l'animal, puisqu'il s'approcha un peu plus et se laissa caresser par l'homme tout en ronronnant doucement. Puis, comme un petit effronté, il sauta sur les genoux de Liff pour s'y lover.

"Vous avez quittez votre pays d'origine peut être? Enfin tout ceci ne me regarde pas. Cela dit, Hokubu est une destination intéressante, et dans l'ensemble, il y fait bon vivre."

Bon, après il fallait comprendre le sens de "bonvivre" pour liff, qui n'était sans doute pas le même que pour tout le monde, puisqu'il devait bien l'avouer, contrairement à la majorité de la population des pays industrialisés, il avait toujours su se contenter de peu, que ce soit du confort ou des biens matériels.

"Enfin si vous voulez, je peux vous faire visiter la ville, ou vous en dire plus sur elle, ou même sur la planète terre. Vous m'aviez l'air intéressé, mais je me trompe peut être? " poursuivit-il tout en caressant le chat bien installé sur ses genoux désormais, qui regardait d'un oeil intrigué l'inconnu à la capuche.

Evidemment, Liff n'était pas censé savoir qu'Azeleren ne connaissait rien au monde dans lequel il s'était retrouvé coincé. Alors, à nouveau, Aze dut user de sa voix pour lui confirmer qu'il pouvait continuer, et que ce qu'il lui racontait l'intéressait. Liff en sembla surpris, mais au lieu de continuer, il préféra, encore une fois, questionner Aze sur son passé et lui-même. Ce dernier détestant cela, il fit une moue agacée mais intérieure, son visage à moitié visible ne montrant toujours rien.

Le chat qui s'était posé sur les genoux de Liff l'intriguait. Certainement une bête féroce, une bête d'attaque ! Aze gardait un oeil scrutateur sur le chat, pourtant pas franchement hostile, loin de là. D'ailleurs, le félin également surveillait Azeleren, comme s'il savait quelque part qu'il n'appréciait pas forcément la compagnie d'un chat comme lui. La méfiance était si forte qu'elle en était presque palpable.

Azeleren songea alors qu'il n'avait jamais vu une bête se comporter comme ça avec un antéversien - ou en l'occurence un humanoïde. Le chat se contentait de douces caresses, sans sortir ses griffes ni montrer ses crocs. C'était certainement une ruse ! Mais dans ce cas-là, pourquoi Liff l'avait-il laissé faire ? Ah oui, Aze oubliait que Liff avait eu assez de cran et d'audace pour venir lui parler à lui. Donc bon...

Heureusement, pour le distraire de ces pensées pas très rassurantes concernant les animaux terriens, Liff reprit la parole et parla de visite et de nouveau de la planète Terre. Bien sûr qu'il était intéressé ! Il l'avait déjà dit, et il détestait se répéter. Déjà qu'il ne parlait pas beaucoup, si en plus il devait dire quinze fois la même chose... !

" Parlez. "

Répondit-il finalement, non comme un ordre, mais comme une invitation à continuer son monologue sur le monde qui les entourait. Enfin, vu la voix et le ton toujours bougon d'Aze, ça pourrait très bien être pris comme un ordre.

Liff caressait tranquillement le mignon petit chat, qui lançait de ses yeux verts un regard perçant à Aze (dont l'homme ne connaissait toujours pas le nom d'ailleurs). L'homme au longs cheveux bruns était aussi totalement inconscient de ce que pouvait bien penser l'inconnu. Cela dit, cela ne le gênait pas vraiment, bien qu'il ai tendance à être bavard, il appréciait tout autant le calme et le silence.

"Parlez" rétorqua cependant l'homme, preuve qu'il s'intéressait au babillage parfois franchement décousu de Liff. Bon et bien, puisque c'était si gentiment demandé, il n'allait pas se faire prier, pas vrai?

"Alors pour commencer, la planète terre est la seule planète habitable du système solaire. Sans doute parce qu'elle se trouve à bonne distance du soleil, ni trop rpès ni trop loin. Enfin, il y a peut être eu de la vie sur Mars, puisqu'elle contient de l'eau gelé en profondeur, mais pour l'instant, il est impossible de l'affirmer avec certitude.

La Terre est la troisième planète en partant du soleil, notre étoile, petite mais bien vivante.
Ce qui nous fait dans l'ordre:Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. On peut remarquer aussi que ces planètes portent toutes, sauf la Terre, les noms de dieux et déesses de la mythologie romaine. Cela peut facilement s'expliquer, puisque les romains pratiquaient l'astrologie, et dans une moindre mesure (du moins, par rapport aux égyptiens) l'étude des corps célèste. Ainsi ils nommèrent les planètes du nom des dieux.

Mais peut être préferiez vous que je vous parle de la terre plus en détail?
On peut dire que c'est une belle planète, recouverte de 6 océans et d'autres mers intérieurs, si mes souvenirs sont exactes. Son paysae comme son climat est varié, de la banquise arctique au désert de sable, en passant par les montagnes, vallées...

Bref il ya beaucoup à en dire, que ce soit sur sa composition, sur les millions d'espèces (y compris les humains) qui la compose...

Je ne suis pas certain que nous ayons le temps pour passer en détail l'histoire de notre petite planète bleue, "née" il y a de ça 4,54 milliards d'années (et des poussières, sans doute!)
Vous voudriez parler de quelque chose en particulier? L'humain, la planète, sa faune, sa flore? '

suggéra Liff, après avoir été bien bavard. Il semblait en connaitre un rayon sur le sujet, à vrai dire. Le brun espérait tout de même ne pas avoir trop perdu son interlocuteur, si tant est qu'il n'y connaisse pas grand chose, ce qui ne serait pas si étonnant que ça, puisque de nos jours, peu de gens s'inétressaient à l'astronomie et autres sciences complexes, tel la géologie.
Quant à l'archéologie, c'était un autre domaine que Liff, qui avait déjà vécut un bout de chemin, trouvait rétrospectivement parlant, très amusant. Puisqu'il avait pu voir ce qui s'était réellement produit des siècles auparvant. Mais il se gardait bien de le mentionner, on l'aurait juste prit pour un fou.

Ce qui n'aurait pas été très étonnant à dire vrai. Personne ne vous croirait si vous racontiez que vous avez croisé Attila et sa horde de huns, (croisé, c'était le cas de le dire. Liff avait préféré ne pas s'attarder et il avait eu raison). C'était donc pareil pour lui. Il se demanda tout de même, caressant distraitement le chat qui ronronnait sagement sous les mains longues et fines de Liff, ce qui intéresserait le plus son camarade de banc.

Le jour s'étirait, mais pas interminablement. Bientôt, la nuit allait tomber, jetant un voile obscur sur chaque chose, adoucissant ou durcissant les ombres qui se créaient le tout dans une sorte de silence à peine troublé par les sons produits par les deux hommes et le chat, qui ne se laissait toujours pas des caresses du brun. A présent, ils étaient seuls, le parc avait été déserté; les enfants rentrés chez eux pour prendre le repas, leur bain et au lit sûrement. Quant aux petits vieux, ils avaient finit par s'en aller eux aussi, bien que plus personne ne les attendait à la maison. Ou peut être pas, tiens. Après tout, Liff ne le savait pas et ne pouvait pas imaginer leur vie. Comme eux ne pouvaient deviner la sienne, et ce qui se cachait sous ce regard vert d'eau, si clair et limpide, à peine obscurci par la nuit. Et pourtant, toujours ou presque indéchiffrable.

L'humain. En voilà un sujet qui valait la peine d'être développé, même si il y avait tant à en dire. Il doutait d'arriver à en faire le tour ce soir, ou même cette nuit. Et puis l'homme voudrait peut être aller dormir, aussi. Ce qui serait assez raisonnable.

"Ah, on dirait bien que la nuit tombe"
Une pause puis:
'Ça vous dirait d'aller ailleurs pour discuter, au fait? Quoi qu'il fait encore plutôt bon."

Il renversa un instant la tête en arrière, contemplant le ciel, songeur. L'humain. Vaste et passionnant sujet, si il en est. Par où commencer, au juste? Tout en regardant au loin le soleil qui rejoignait lentement l'horizon, il commença, caressant un peu distraitement le chat qui ne lui en tenait pas rigueur.

"L'être humain est apparu sur la planète terre voici de cela 7 millions d'années environ. Ils appartiennent au règne animal, et font partie des mammifères. Leur évolution fut longue cependant, avant d'arriver à l'homo sapiens sapiens, qui est l'homme moderne. Il y a plusieurs branches de l'humanité qui se sont éteintes, comme les australopithèques. A ce propos, les hommes ne descendent pas réellement des singes, bien qu'ils aient sans aucun doute un ancêtre commun.

Disons plus simplement que les hommes sont des cousins des singes.

Sinon, on distingue plusieurs stades importants dans l'évolution humaine: tout d'abord l'homo habilis, vers 2 millions 800 000 ans avant Jésus Christ, qui désigne des individus capables de se servir et de fabriquer des outils. Après vient l'homo erectus, qui s'est complètement redressé et marche sur ses deux jambes, vers 1 millions d'année avant Jésus Christ.

Puis enfin l'homo sapiens, qui est quasiment identique dans son squelette à l'homme tel que nous le connaissons aujourd'hui. Bon cela dit, ces derniers siècles, les populations de la planète ont considérablement grandi, et la taille moyenne a bien augmenté. Je dirais qu'on a dû passer de 1m50-60 (durant l'antiquité et le Moyen Age) à au moins 1m70-80.

Enfin même aujourd'hui, je suis considéré comme un géant, avec mes 1m93. Mais ça passe plus inaperçu qu'avant."
se fit-il la réflexion, après avoir laissé échappé un grand éclat de rire. Son discours semblait bien documenté, mais il y avait quelque chose de bizarre: il ne s'incluait pas là dedans. Cela dit, ça pouvait être simplement dû à sa manière d'expliquer, mais bon.

"Hum, je ne sais pas trop par quoi continuer, j'avoue!" s'exclama-t-il
en souriant, tournant un peu la tête vers son interlocuteur, dont le visage était toujours dissimulé par la capuche sombre.
"Il faut dire qu'il y a eu tellement de civilisations qui ont marqué leur temps...Avant de s'effondrer à leur tour, remplacé par autre chose. "

Un peu perdu dans ses pensées, ou plutôt dans de lointains souvenirs, il passa l'une de ses longues mains fines dans ses cheveux bruns, qui pour une fois, retombaient souplement sur ses épaules, un peu plus disciplinés que d'ordinaire.